La peinture de Denis De Mot se veut une métaphore du temps et de son implacable travail de « marquage » des êtres au monde, dans leur phase « vivante » ou historique. Ce thème y est appréhendé comme une convention dont le libellé nécessite de l’observateur une lecture à la fois rationnelle et émotionnelle. Temps « lent » ; temps « rapide ». Moments intenses de bonheur fugace. Stigmates de douleurs et cicatrices. Autant de repères pour la mémoire, laquelle agit comme un fil rouge présidant à l’intime réflexion du peintre sur la condition humaine.
Aspérités matiéristes, zones planes, creux, incises, lacérations habitent littéralement les pigments, acryliques et gouaches. Les œuvres scandent tantôt la patience éprouvée en ces temps d’arrêt -ces recueillements-, tantôt elles vibrent au rythme du geste porteur de l’envol du trait.
Dans ses fonds, Denis De Mot s’exprime le plus souvent dans une gamme chromatique sourde, laissant la part belle aux beiges, aux gris, aux bruns grège, aux rouges et terracotta. Son versant apollinien ?
Plus d’une œuvre révèlent – en rupture – des bleus vifs, parfois des jaunes et des verts profonds. Son versant dionysiaque ?
Michel Van Lierde,
Collectionneur, avril 2016
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Probablement vous souviendrez-vous des expositions de l’artiste peintre Denis De Mot, tenues au Petit Sablon en novembre 2009 et chez Philippe Marchal, à « Libre Choix » en septembre de l’année dernière. J’ai eu l’occasion déjà de mettre en évidence auprès de vous un certain nombre de « dominants » dans cette œuvre…
Une oeuvre caractérisée par la « lenteur ». Laquelle ? Au-delà de la dimension chronologique applicable à l’acte de peindre osons parler ici aussi d’une « lenteur spatiale ». Quid ? Celle qu’éprouverait un spectateur contemplant le résultat de l’étalement par le peintre -en superpositions- de pellicules fines d’huile, de gouache, d’acrylique notamment. Leurs profils siccatifs variables rendent possible l’affleurement de reliefs aléatoires strates par strates.
A l’instar d’un René Guiette, Denis De Mot trace des signes (qui) se perçoivent comme des équivalences de sa vie intérieure et de sa méditation.
Dans les œuvres récentes, l’on retrouve peut-être plus qu’auparavant –au titre de « signes » ces hachures, ces traits, ces stries ou sillons. Ils sont les indices d’un temps plus « rapide ». Ce serait le temps qui scande le geste du peintre. Un geste devenu invisible bien sûr mais qui serait « l’âme » du trait lui-même.
Dans ses fonds surtout, Denis s’est exprimé longtemps dans une gamme chromatique sourde, laissant la part belle aux beiges, aux gris, aux bruns grège et terra-cotta.
Aujourd’hui plus d’une œuvre révèle la présence de rouges ou de bleus vifs. Des jaunes et des verts soutenus.
Si la dimension spirituelle de l’œuvre ne fait point de doute, peut-être s’agit-il dans ses évolutions récentes d’une trace accentuée du passage « par là » d’un Dionysos expressionniste qui aurait invité Apollon la Raison à lui faire « un peu plus de place » ?
Michel Van Lierde,
Collectionneur, septembre 2011
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Les peintures sur panneaux de PVC de Denis De Mot dénotent un sens inné de l’harmonie et de l’élégance. En soi, l’œuvre n’a rien de révolutionnaire; au contraire, elle irradie d’un calme méditatif.
Naturellement, nous n’aurions pu contempler ce travail avec autant de fascination, s’il n’y avait de-ci de-là quelque indiscipline pour rendre la surface peinte intéressante. Ratures, irrégularités, pelures, … Comme si les œuvres exposées faisaient partie d’une plus grande réalité. La beauté des surfaces rugueuses s’accorde ici de subtilité chromatique. La grande classe.
Yves De Vresse,
Critique d’art, juin 2008
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Denis De Mot montre des séquences de planéité. Il balise un parcours terrien. Et les respirations ocres, la densité rouge tatouée d’un léger cerne blanc, la vibration d’une partition grise très tactile, la saison de glèbe effritée en son sommet… tout nous parle de la présence au monde. L’œuvre de De Mot est cette planète où les ruisseaux baignent à plein humus. De Mot n’est pas un réaliste et pourtant son unique et inlassable drapeau est couturé de sillons et de ferveur terrienne. A regarder comme un blason de fertilité promise.
Jo Dustin,
Critique d’art, mai 2008
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Denis De Mot fait face et fait front à sa manière qui est celle de la longue patience. Il avoue être un lent, je dirais plus volontiers un sage car ce peintre utilise le temps qui passe comme base de données d’une recherche jamais terminée.
Sur des panneaux en PVC, avec des couleurs modestement présentes, il accroche des restes du temps, des signes et des ombres, des choses discrètes mais essentielles et le visiteur part dans le temps écoulé.
Présent aux cimaises depuis quelques années déjà, il n’en finit pas de revisiter les traces imperceptibles que laisse la vie. Il les traite de manière très réfléchie et avec une attention toute particulière pour l’aspect final qui tient du fondu enchaîné et d’une dissimilation qui trompe le regard et le détourne de vérités trop crues et de certitudes absolues.
Loin des couleurs fortes, Denis De Mot, autodidacte acharné, avoue « construire du temps ».
Anita Nardon,
Critique d’art, mai 2008